tiens, un article de 2008 publié maintenant? C'est vrai que le récit vers la Mongolie n'avait jamais été achevé. Eh oui, je suis en retard avec la publication de cet article, pour de basses raisons d'informatique de stockage de photos, d'accès internet, et parce que j'ai déménagé aussi 3 fois depuis. Enfin bon, comme disait toujours ma grand mère : "Enfin bon".
Le transsibérien m'a ramené sain, sauf, et puant un peu dessous les bras, à Moscou, après 96 heures de train.
Je reprends donc directement la route pour Kiev, en Ukraine. 850km de ligne droite et une frontière à passer. J'avais mis 2 jours sur le même itinéraire pour venir, mais il pleuvait des cordes et je m'étais perdu plus d'une fois dans la campagne ukrainienne à cause de routes fermées et déviations écrites en cyrillique... Cette fois, j'espère rejoindre Kiev dans la journée car la météo est au beau, et j'ai pris confiance, au point de négocier avec emphase et une energie verbale insoupçonnée avec la police qui m'arrêtera 2 fois pour excès de vitesse.
Autant j'arrive à présent à éviter de donner un bakchich aux frontières pour ne pas alimenter ce système de corruption, autant lorsque je suis effectivement en tort, je suis moins tenté de faire le mariole. Les hommes en bleu radarisés ne font pas semblant de lutter pour ma sécurité comme on le prétendrait en France, mais sont là uniquement pour le bakchich. Plus ça va moins je donne. J'ai toujours un porte monnaie avec l'équivalent de 3-4 euros à leur montrer en leur expliquant que c'est tout ce que j'ai et que je dois garder des sous pour mettre de l'essence.
Je leur ai expliqué une fois que je voulais bien leur donner mes derniers roubles, mais que je voudrais qu'ils me donne quelques litres d'essence en échange pour que je puisse quand même éviter la panne sèche. L'argument à fait mouche (mais qu'à fait la mouche?). Ils ont eu pitié et m'ont laissé repartir.
Dernière station service avant la frontière Ukrainienne. Je m'arrête dépenser réellement mes derniers roubles en remplissant mon réservoir et mon estomac, et je repars jusqu'au poste frontière. C'est un des très gros postes frontière qui a l'air étrangement bien organisé. Peu de voitures qui attendent, beau soleil. Le passage s'annonce idéal.
Après contrôle des papiers, j'ai droit rapidement à mon tampon de sortie de Russie, et je m'apprête à aller au poste frontière Ukrainien, lorsqu'un gars, visiblement gradé, surgit d'un bureau à grands gestes et se plante devant ma moto pour m'empêcher de partir. Ca sent le roussi. Il me questionne en russe et il semble être très intéressé pour savoir si j'ai un téléphone portable. Ça sent l'arnaque. On ne me la fait pas à moi! On dirait qu'il aimerait bien que je lui file mon téléphone. Dois je le sortir de ma poche? ou faire semblant de ne pas en avoir? S'il arrive à avoir mon téléphone dans sa main, il y a peu de chances que j'arrive à le récupérer. Mais il insiste pour voir mon téléphone.
Je tapote ma poche pour le sentir là et ... je ne sens rien. Je fouille mes poches ... carramba, j'ai perdu mon téléphone!
Je me dis qu'il ne me croira jamais si j'essaie de lui expliquer que je l'ai perdu, mais au contraire, je comprends enfin qu'il essaie de m'expliquer que j'ai oublié mon téléphone à la station service 7km plus tôt, et que la serveuse de la station, se doutant que j'allais à la frontière les a appelé pour les prévenir pour que je puisse venir le rechercher.
Auriez vous imaginé cela? Moi non. Ni dans un pays où la corruption est un mode de fon,ctionnement normal, ni en France.
Le douanier me dit alors de rebrousser chemin pour aller rechercher mon téléphone. Mais il ne peut pas me redonner mon passeport parce qu'il m'a déjà donné le coup de tampon indiquant que je suis sorti de Russie. Me voila donc remonter la file de voiture à contre sens, sans papiers d'identité. Le douanier posé à l'entrée du poste de douane me voit repartir ainsi, à contre sens d'un air bien décidé, comme si je fuyais, et déclenche une sirène d'alarme, mais je ne m'arrête pas et je file sur la 4 voies. Après tout c'est sûrement son chef qui m'a demandé de repartir ainsi!
Je file donc sur la 4 voies pour récupérer mon passeport à vive allure.
Sauf qu'en chemin une voiture de police équipée aussi d'un radar surveille la vitesse! Ils ne m'ont pas arrêté, sans que je sache pourquoi, et c'est tant mieux car j'étais sans passeport, sans autorisation d'être sur le territoire Russe. Je ne m'imagine pas trop essayer de leur faire comprendre la situation.
A la station service, le téléphone maudit m'attendait à côté de la caisse et la serveuse me souhaite une bonne route sans rien me demander. Et moi qui avait justement dépensé mer derniers roubles, je n'avais même pas une pièce à lui donner. En tout cas, je ne voulais pas traîner et je filais a nouveau au poste frontière ou je m'apprêtais à faire profil bas, et où au contraire je fus accueilli à bras levés, comme un héros, sauf par le planton qui a déclenché l'alarme qui n'a pas du apprécié que j'ignore ses invectives.
Traversée de l'Ukraine sans soucis pour repasser 2 jours chez Irina et Bodhan à Radechov.
Grandes retrouvailles. Ils me montrent les photos qu'ils ont prises à mon premier passage.
Y'a pas à dire. Les photos argentiques développées dans une chimie approximative, ça a du charme que n'ont plus les photos numérique, et ça va bien avec l'atmosphère locale.
Reglage du jeu aux soupapes de la moto, avec des clefs "Made in USSR"!
Bodhan est toujours aussi fier de son atelier moto...
... et moi ravi d'être son pote
Le soir, les gamins du quartiers se retrouvent souvent a ce garage car Bodhan est toujours dispo pour réparer leurs scooters. on improvise donc un barbeccue.
La bouteille en plastique avec de l'eau dedans contient en fait de la vodka. On la finira avant de rentrer.
Ils me proposent d'aller se baigner au lac où ils ont l'habitude d'aller. Allons y! Chouette!
Sauf que cette fois la Lada tombe devant un panneau de proprieté privée. Le "progrès" est en marche. Irina ira partager le gateau qu'elle apportait avec la femme qui semble vivre dans la maison pas loin, et on ira quand même se baigner.
Attention aux ames sensibles : les images qui vont suivres sont terribles. Elles évoquent toute ma détresse dans ce sombre pays que l'on imagine dangereux, sombre, aux conditions difficiles... J'en ai chié!
Le soir Irina insiste pour qu'on aille dans un bar pour rencontrer un gars. Je ne comprends pas pourquoi il faut y aller en moto alors que ce n'est qu'à 400m, mais je m'execute. Elle me présente un grand gars, sérieusement éméché à la vodka, et elle insiste pour que je lui fasse faire un tour en moto. Ayant peur que le gaillard fasse trop de gestes derriere moi, je prefere lui laisser aller faire un tour tout seul. Quitte a tomber, je prefere que la moto chute sans moi dessus. Il ne fera qu'un aller retour dans la rue, et reviendra s'asseoir derriere la bouteille de vodka en titubant, mais Irina insite pour que l'on prenne des photos ensemble.
Elle m'expliquera plus tard que ce gars là est le chef de la mafia locale. Le fait de lui avoir prêté fait que l'on est tous copains à présent. La photo sera là pour que Irina atteste qu'elle le connait, et la moto lui rappelera à quelle occcasion ils se sont rencontrés. Bref, c'est un cliché important pour Irina, et cela pourrait plus tard l'aider a sortir de situations difficiles. C'est ca aussi l'Ukraine!
Retour ensuite par les petites routes jusqu'à la maison... Ce voyage est fini!
commenter cet article …